« L’avis des autres n’est que la vie des autres » : La peur du regard, la peur du jugement des autres est un sentiment humain. L’estime que l’on se porte est bien trop souvent dépendante de l’effet qu’ont les critiques, les pensées, les avis et l’image que les autres vont nous transmettre à travers leur regard et leurs jugements. Bien souvent, ces « autres » vont nous attribuer des étiquettes. Voyons la façon dont une étiquette se forme, jugeons son importance et ses conséquences sur notre vie, étudions quelques pistes de développement pour se libérer de cette emprise, apprivoiser les étiquettes pour que notre estime ne dépende plus de la peur du regard et du jugement des autres.
LE REGARD DES AUTRES : QUAND LES JUGEMENTS PRENNENT LA FORME D’ETIQUETTES
Une étiquette, c’est quand les autres vous résument à un seul trait de personnalité, à un seul qualificatif. C’est quand on résume toute votre personne et sa complexité à un seul et même concept caricatural.
Sachez que les étiquettes peuvent aussi bien être positives que négatives : « l’intello », « l’extravertie » « l’allumeuse » « le geek » « la gosse de riche » « l’enfant » « Le bourreau de travail » « le canon de beauté » « celui qui prend trop de place » « la personne profondément gentille » ….
Elles vont d’une part permettre aux autres de prévoir, d’anticiper vos comportements, de vous « comprendre » et donc de se rassurer. Elles peuvent être assimilées bien sûr selon les situations, sur des critiques. C’est une sorte de protection, de « reconnaissance » pour le cerveau humain.
Lors d’un conflit avec un individu par exemple, si une situation lui échappe, la solution sera alors évidente : c’est parce que VOUS êtes comme ceci que cela s’est passé comme cela.
Cela peut-être un mal, un bien comme rien du tout. Le tout est d’avoir pleinement conscience de l’existence de ces étiquettes.
COMPRENDRE L’EXISTENCE DES ETIQUETTES
Les autres vont vous coller des étiquettes, car cela les rassure. En fait, ils vont avoir besoin de vous ranger dans une case, pour plusieurs raisons :
- La peur : de ne pas pouvoir vous cerner et donc de prendre le risque d’être surpris et potentiellement déçus. Un individu imprévisible peut d’ailleurs générer chez les autres une certaine anxiété. C’est une façon de ne pas être confronté à l’inconnu, de rester dans une zone de confort, ou tout est prévisible et calculé. Cela va leur permettre d’anticiper. Par exemple : Vous parlez à un garçon en soirée, c’était prévisible : vous êtes une allumeuse. Vous remettez quelqu’un à sa place au travail après une réflexion déplacée, c’est logique : vous êtes encore « un(e) enfant » fragile.
- La simplicité : aller au plus simple, ne pas forcément chercher à comprendre… nous vivons dans une société à la fois complexe et simpliste. Les autres vont alors préférer les clichés, les caricatures car c’est plus facile que de chercher à comprendre et faire attention à l’aspect unique de chaque personne et d’avoir conscience de la complexité de l’être humain.
- L’intégration : l’effet de groupe … la sphère sociale. La peur d’être rejeté du groupe: détourner le regard des autres sur un individu en lui collant une étiquette permet de ne pas avoir à faire face nous-même à ce jugement. L’attention des autres est alors focus sur quelque chose d’autre et la peur de leur regard est soulagée.
- La quête de reconnaissance et d’autorité : lorsqu’un individu parle, critique et clame un avis affirmé sur quelqu’un, il peut apparaître alors comme un « leader » : quelqu’un qui sait « cerner ». Il va alors prendre cette place de juge par qui on ne voudrait se voir coller une « mauvaise » étiquette nous-même. L’être humain adore se positionner en tant que juge, cela lui donne de l’importance : pour exemple le Tribunal Public des réseaux sociaux.
- La peur du vide : tout le monde déteste cette impression de n’avoir « rien à dire », les situations de « blancs » sont gênantes. Parler sur quelqu’un, lui créer une étiquette et le juger peut être une façon de créer du contenu, de donner du «corps » à la conversation, lorsque l’on a rien à dire, tout simplement.
- La projection : les autres vont projeter sur vous leurs propres sentiments, leurs propres qualités/défauts, ils vont vous attribuer ce qui leur appartient. C’est purement personnel.
Le regard que les autres portent sur vous : VOS ETIQUETTES
Lorsque je vous ai demandé sur Instagram (@lesideesdagathe) les étiquettes dont vous avez souffert, certaines sont régulièrement revenues comme « p*te » « Hautain(e) » « Idiot(e) » «Timide » « Folle ».
En fait ces étiquettes sont collées en fonction :
- d’un comportement que l’on peut avoir en société à un moment de vie précis
- de ce que les autres pensent percevoir de nous, d’un avis, de leur interprétation ou/et jugement
- d’un trait de notre personnalité bel et bien existant mais qui va être isolé pour résumer notre être en un seul concept.
Comment le regard des autres et leur jugement peut-il influencer votre propre regard ?
Notre confiance et notre estime varient en fonction de la peur du regard des autres
Le problème avec ces étiquettes c’est qu’elles nous collent au corps, et que l’on fini par y croire. Notre estime de nous va dépendre du taux de positivité de ce jugement et cela va naturellement développer une certaine anxiété. Notre comportement va alors de modifier pour plaire et correspondre à l’étiquette sociale que l’on nous a imposée.
Nous finissons par incarner le reflet du regard des autres et chercher leur reconnaissance
Au final, certaines fois, nous finissons par incarner la cape que l’on nous met. Par exemple, à mon adolescence, mes parents me disaient que j’étais difficile, fermée… Cela était bien vrai à des moments, mais j’ai fini par me résumer à cela. Le cliché de « l’adolescent » que les parents vont dresser n’est donc pas forcément positif, cela peut entraîner de nouvelles croyances limitantes, freiner leur développement et créer des peurs/phobies.
Chercher la reconnaissance des autres en incarnant l’étiquette qu’ils vous mettent pour leur plaire aura pour effet de flatter leur égo et d’éloigner un peu plus votre estime.
Tomber dans la simplicité de faire confiance aux autres sur qui l’on est
Il est difficile de s’introspecter, se connaître est la quête de toute une vie. Alors, il peut arriver de tomber dans la simplicité, considérer que les autres ont le recul nécessaire, nous connaissent assez pour nous cerner et nous aiguiller sur qui l’on est : c’est à ce moment là que nous nous perdons. La reconnaissance de soi par les autres.
Apprendre à se faire confiance et accepter que rien n’est figé
Seul vous vous connaissez profondément, et le seul jugement qui compte est le votre. L’évaluation de la sphère sociale n’a que peu d’importance. Peut-être faut-il aussi accepter le fait de changer ? Le fait que rien ne soit fixé ? Le fait que certaines étiquettes ont du vrai aussi. Cela peut faire peur, mais apprendre à se connaître et avoir une reconnaissance précise de nos valeurs est essentiel. Nous pouvons changer, en fonction des événements, des périodes, du contexte etc. : rien n’est figé, pas même nos valeurs.
DONNER DE LA VALEUR A VOTRE PROPRE REGARD : C’EST VOTRE VIE
Nous sommes un tout, une multitude de possibilités. Et cela peut être compliqué à gérer et à reconnaître pour le cerveau : QUI suis-je ? COMMENT suis-je censé réagir ? Pourquoi est-ce que je me montre timide en société et pas dans la sphère personnelle ? Pourquoi je suis tolérant(e) au travail et non en couple ? Quelles sont mes profondes valeurs ? Il est plus simple de trouver les réponses ailleurs, dans le regard et les pensées des autres. Mais ce ne sont pas les bonnes réponses car en y réfléchissant :
Qui vous connaît le mieux ? La personne qui vit avec vous 24h24 dans chaque situation, l’esprit qui est DANS vous, qui ressent toutes vos émotions, qui pense toutes vos pensées, qui EST vous ou une personne extérieure, aussi proche soit-elle mais qui ne vous incarne pas, tout simplement.
Ayons conscience que nous aussi, nous nous collons des étiquettes !
Je prends un exemple : une soirée où il n’y a que des mannequins et où tout le monde nous regarde avec mépris et dédain. Nous allons avoir tendance à se coller nous-même l’étiquette de « moche », nous allons nous sentir diminué et allons avoir des jugements sur nous-même par rapport à cela. A côté, une situation similaire, une soirée mais où l’on nous complimente énormément : nous nous sentons comme le « canon ». Pourtant notre physique lui, ne change pas. Notre comportement, lui, peut changer en fonction du taux de confiance que l’on a. Et les étiquettes que les autres nous mettent peuvent alors varier également.
Nous nous attribuons nous-même une étiquette en fonction du contexte.
Le regard bienveillant peut créer une étiquette positive
Lorsque les étiquettes sont bienveillantes et que l’on en a conscience : c’est OK !
A titre personnel, mes grands parents me renvoient l’image d’une warrior, d’une fille très déterminée, engagée, avec un gros caractère, pleine d’ambition : ils me voyaient être dans la politique …. !! Leur regard sur moi, leurs jugements et sentiments sont non seulement bienveillants, mais également motivants : ils me tirent vers le haut. Cela me donne un sentiment de reconnaissance, je ne vais pas mentir et je n’ai pas peur de le dire, mais je suis consciente de cela. Alors, inconsciemment, avec eux, je pousse ces traits (existants mais exacerbés) de ma personnalité au maximum et cela peut s’avérer positif.
EST-CE QUE LES ETIQUETTES, C’EST BIEN ?
Je dirais que cela dépend des situations, et de la façon de les appréhender. Si d’une quelconque façon, la peur, l’anxiété, la critique, la quête de reconnaissance ou la peur de l’opinion de la société sont de la partie : cela ne peut pas avoir d’impact positif. Cela peut même développer l’existence de phobie(s) et de troubles.
- Les jugements infondés
Les étiquettes avec lesquelles je ne suis pas ok sont surtout les jugements infondés, sans connaître autrui, sans fondement : juste sur une attitude à un moment donné ou pire sur un simple physique.
- Les critiques limitantes
Il existe également des étiquettes malveillantes qui sonnent comme des prisons : « il/elle est comme ça, il/elle ne changera jamais. » Des étiquettes qui débouchent au final sur une critique et dont il est difficile de se libérer. Ces pensées limitantes ne donnent aucune perspective de développement, d’évolution, ni d’espoir : elles n’ont absolument aucune utilité ni fondement.
- Les prétextes
Les étiquettes peuvent aussi servir de prétextes : plutôt que d’essayer de chercher la raison à un comportement, de réfléchir, de creuser : certains ne se compliquent pas la vie et vont à cette conclusion là : il/elle est comme cela. Et cela les arrange bien.
Alors, comme pour les étiquettes : ne pas coller d’étiquettes sur les étiquettes ! C’est en fonction du contexte, du moment de vie, de l’intention, de comment cela est fait et de l’impact que cela a sur vous, votre développement, votre vie : votre monde.
Cependant, selon moi, certaines étiquettes peuvent -toujours lorsque l’on en a conscience- motiver, pousser vers le haut : exacerber des traits dans certaines situations peut s’avérer bénéfique.
QUELQUES CONSEILS POUR SE LIBERER DU REGARD DES AUTRES ET PRENDRE LES ETIQUETTES DE MANIERE POSITIVE
Voici quelques conseils pour rendre les étiquettes positives, ou du moins, moins négatives afin qu’elles n’influent pas sur votre vie. C’est tout un travail, mais voici tout de même quelques pistes de réflexion.
- Essayez vous-même de ne pas coller d’étiquette ou alors de façon consciente et bienveillante :
Tout le monde est unique, chacun a des traits de personnalité multiples, changeants, ne les résumez pas à une seule case qui vous rassure. Incarnons le monde que l’on veut être. Avoir n’est jugements n’est pas un mal, tant que nous ne les imposons pas aux autres.
- Lorsque l’on vous impose une étiquette, soit vous avez le pouvoir personnel de la réfuter (verbalement ou intérieurement) :
Vous savez qui vous êtes et vous n’êtes pas d’accord d’être résumer à cela. Vous pouvez le penser ou/et le dire. « Je ne me résume pas à ça. » Vous pouvez aussi être ok avec cet aspect de votre personnalité et même l’exacerber, en jouer dans la sphère sociale ou dans un certain contexte si cela vous est bénéfique. Si cela est fait de manière consciente, c’est ok. Tant que VOUS ne vous résumez pas à cela.
- Pour ce qui est des étiquettes malveillantes et infondées :
Ne les relevez même pas, ne leur accordez aucune sorte d’importance et encore moins lorsqu’elles sont mentionnées en groupe. Dites-vous bien que même votre sphère personnelle, proche, ne peut pas coller d’étiquette exacte sur qui vous êtes, alors comment quelqu’un qui ne vous connait pas peut-il se permettre de vous juger vous et vos valeurs ?!
- Ne cherchez pas à plaire à tout prix :
Ne cherchez pas non plus à vous donner une image ou à avoir de la reconnaissance. Ne cherchez pas à vous trouver tout de suite, et de manière exacte : la quête de soi est le travail d’une vie. Step by step, tout dans la bienveillance.
- Soyez conscients des valeurs qui sont importantes à vos yeux :
N’ayez pas peur de vous exprimer (intérieurement / extérieurement) vous en avez le droit, et dites-vous bien que RIEN n’est figé dans le marbre : adoptez des actions qui vous rapprochent de celui/celle que vous voudriez être. Le désir de reconnaissance n’est pas un mal, tant que l’on en est conscient et que l’on reconnaît l’existence du travail qu’il nous reste avec.
- N’en voulez pas trop à ceux qui mettent des étiquettes :
Soyez indulgents, si ils agissent comme cela, c’est certainement qu’ils ont encore beaucoup de travaux à faire sur eux, qu’ils doivent encore se libérer de certains démons et qu’ils sont en souffrance. Soyez reconnaissants de vous, vous libérer progressivement.
Ces mots n’engagent que moi et mon expérience, ainsi que les échanges que j’ai pu avoir avec ma communauté Instagram. Se libérer du regard de la société et des étiquettes n’est pas chose facile : j’analyse et donne certains conseils mais aucune leçon et sans jugements ni étiquette 😉 : ce n’est pas la politique de la maison !